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Wilders, l’homme fort dans l’ombre
Pays-Bas . Le nouveau gouvernement de coalition, entre libéraux et chrétiens-démocrates, dépend du soutien du populiste.
Il aura fallu quatre mois de tractations, depuis les législatives du 9 juin, pour que les Pays-Bas aient enfin un gouvernement. Mark Rutte, 43 ans, le nouveau Premier ministre libéral, a prêté serment hier à La Haye. Il dirigera le pays avec les chrétiens-démocrates, formant une coalition minoritaire au Parlement, dont l’existence dépend du soutien du populiste de droite Geert Wilders. Ce dernier, à la tête de la troisième formation politique du pays, n’a pas pris le risque de gouverner. Son Parti pour la liberté (PVV) ne compte aucun ministre au gouvernement.
L’islamophobe Wilders, 47 ans, en procès depuis le 4 octobre pour discours haineux, se propose d’interdire le Coran et de fermer les frontières. Il a réussi à imprimer sa marque à l’accord de coalition, obtenant la promesse d’une interdiction rapide de la burqa et la réduction de moitié de l’immigration.
Réduite. Pour le reste, les libéraux se proposent surtout de faire des économies drastiques. Ils donnent l’exemple avec un gouvernement de taille réduite, pas plus de 11 ministres et 8 secrétaires d’Etat, sans grande réforme en vue. Wilders a accepté un compromis sur l’âge de la retraite, qu’il voulait maintenir à 65 ans, mais qui devrait passer à 66 ans d’ici 2020. Les acquis sociaux ne sont pas remis en cause. La durée d’indemnisation du chômage ne sera pas ramenée de trois à un an, comme le voulaient les libéraux, et les patrons n’auront pas non plus droit à des procédures de licenciement plus faciles.
L’un des grands problèmes des Pays-Bas, les embouteillages quotidiens sur les autoroutes, devrait persister : la taxe kilométrique envisagée par le gouvernement précédent, de centre gauche, ne sera pas appliquée dans un futur proche.
Les commentaires, à l’annonce de la formation du gouvernement, ont été très fatalistes. Alors que les travaillistes font profil bas, les écologistes de Groenlinks appellent à un débat vigoureux sur l’islam. Le patronat, de son côté, se dit prêt à«travailler» avec cette coalition, pragmatisme oblige. Bernard Wientjes, le patron des patrons, avait mis en garde avant les élections contre toute collaboration avec Wilders, susceptible de nuire à l’image des Pays-Bas. La presse, elle, constate «le virage à droite» et s’inquiète du «provincialisme» d’un pays qui n’a plus d’ambition internationale.
Réserves. Le nouveau Premier ministre n’a pas caché qu’il faudrait «du talent» pour mener une politique étrangère avec le soutien de Wilders. Fait inhabituel : des réserves ont été émises par Angela Merkel, la chancelière allemande, qui estime dangereux de gouverner avec Geert Wilders.
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