Réactions mesurées en Allemagne après le compromis européen
pour Le Monde.fr | 30.10.10 | 11h27 • Mis à jour le 30.10.10 | 15h19
Après le compromis de Deauville avec Nicolas Sarkozy, Angela Merkel avait été accusée dans son pays d’avoir abandonné l’automaticité des sanctions contre une promesse vague de réforme des traités. Le sommet européen des 28 et 29 octobre à Bruxelles, lui a permis de redresser la barre. La réforme des traités, qu’elle juge indispensable pour éviter la censure du fonds de stabilisation de la zone euro par les magistrats de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, est bel et bien engagée.
Certes, la chancelière allemande a dû reculer quelque peu sur la question de la suspension des droits de vote d’un pays en violation grave du pacte de stabilité. Cette perspective, dont l’examen est remis à plus tard, suscite un tollé ailleurs en Europe. Mais elle a obtenu quelques motifs de consolation en échange de cette concession. D’une part, la réforme « limitée » des traités agréée par les Vingt-sept
ne cherchera pas à modifier la clause de « non renflouement » d’un Etat de la zone euro.
"PETIT SUCCÈS"
Il s’agit de modifier d’autres articles, différentes options étant sur la table, afin de contrebalancer cette clause, en cas de menace systémique. D’autre part, les Vingt-sept ont convenu d’examiner, dans le cadre du futur mécanisme, le rôle du secteur privé, celui du FMI, et de très fortes conditionnalités. Autant de conditions posées par l’Allemagne. Tout cela explique que, sans être enthousiastes, les commentaires sont plus positifs ce samedi 30 octobre en Allemagne qu’ils ne l’étaient après Deauville.
Le Spiegelonline, souvent critique sur la chancelière, évoque un « petit succès ». Pour la Süddeutsche Zeitung « l’Europe s’incline devant la chancelière ». C’est le bon sens qui a prévalu. Angela Merkel a su convaincre ses homologues que, sans réforme des traités, l’Allemagne serait juridiquement dans l’impossibilité de venir à nouveau en aide à un pays dans le besoin.
En revanche, la chancelière n’a pas obtenu gain de cause sur les sanctions politiques à l’encontre des pays dans la tourmente. Mais le voulait-elle vraiment ? La Frankfurter Allgemeine Zeitung se demande si la chancelière n’avait pas agité ce chiffon rouge pour obtenir gain de cause sur la révision des traités. Sous le titre « fatigues européennes », ce quotidien insiste surtout sur l’absence de structure de leadership en Europe et l’interminable complexité de la moindre négociation, si éloignée de la proximité avec le citoyen revendiquée dans les discours mais, dans les faits, impraticable.
Frédéric Lemaître (à Berlin) et Philippe Ricard (à Bruxelles)
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