Au-delà de ce dérapage contrôlé - cette "facilité", selon le mot cruel de François Hollande -, Mme Aubry creuse son sillon de chef de l'opposition. De plus en plus pugnace, elle se pose en adversaire numéro un de M. Sarkozy. Avec un PS qui se met en ordre de bataille, elle marque des points, y compris face à son rival virtuel, Dominique Strauss-Kahn. Elle a même égratigné "l'austérité folle" imposée par le Fonds monétaire international à la Grèce...
Le PS avait un triple handicap à surmonter : sur son leadership, son projet et ses alliances. Mme Aubry est en train de gagner la bataille du leadership. Elle a mené à bien, pour l'heure, un rapprochement avec Ségolène Royal, prête à jouer "collectif". "Je préfère faire le sacrifice d'une ambition personnelle et voir gagner la gauche, a déclaré l'ancienne candidate à l'Elysée, dimanche 30 mai sur France 5, que le contraire, bien évidemment." Ce succès impose à la première secrétaire du PS un devoir : celui de gagner la bataille de la crédibilité.
Le PS s'est remis au travail et bâtit son projet, pierre après pierre. Mme Aubry a réussi à faire adopter à la quasi-unanimité, lors d'une convention nationale, samedi 29 mai, un "nouveau modèle de développement". Ce texte, qui relève d'un réformisme à la fois radical et compassionnel, est bien timoré sur les moyens de combattre le niveau d'endettement public que, par ailleurs, il dénonce, mais n'en reste pas moins un socle pour son projet pour 2012.
La bataille de la crédibilité se joue aussi sur la rénovation du PS. Mme Aubry est restée ferme sur le non-cumul des mandats et sur des primaires ouvertes à tous ceux qui se présenteront comme "des électeurs de gauche". Le scénario que va proposer Arnaud Montebourg au bureau national du 1er juin prévoit une présélection, en juin 2011, s'il y a plus de quatre candidats. Cela handicaperait "DSK", qui, s'il est candidat, sera obligé de quitter le FMI avant le G20 de l'automne 2011, que la France présidera.
Si le PS poursuit son travail de reconstruction et ne dérape pas de nouveau sur la guerre des ego, il peut constituer une alternative sérieuse à M. Sarkozy en 2012. Mais il lui reste à gagner une troisième bataille : celle des alliances. Et là, tout est à réinventer.
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