On le sait, les choses ne se sont pas passées comme l'Union l'avait souhaité. Aucun autre grand joueur ne l'a suivie. Toute la négociation de la fin de l'année s'est articulée autour des positions des Etats-Unis et des grands pays émergents (le Sud).
Au lendemain de Copenhague, les Vingt-Sept devaient se rendre à l'évidence : la vertu ne paie pas. Pire, la crise économique semble imposer - comme une "évidence" - une autre conclusion : la vertu serait coûteuse... C'est, en tout cas, la position de l'Allemagne, qui a demandé, mardi 25 mai, une "pause" dans les efforts réclamés au nom de la lutte contre le changement climatique. Ce discours n'était jusqu'à présent relayé que par des "poids moyens" de la zone, l'Italie ou la Pologne. Que la première puissance économique et industrielle du continent l'entonne à son tour change la donne. La Commission en a pris acte. Si la commissaire au climat, Connie Hedegaard, continue à défendre un objectif de 30 % d'ici à 2020 pour l'Union, elle a été contrainte d'admettre, mercredi 26 mai, face aux exigences de Berlin et de Paris, que "les conditions ne sont pas réunies" et que "la décision n'est pas pour tout de suite".
Les taux de chômage en hausse, la croissance en berne, l'explosion des déficits publics, la crise de défiance sans précédent que traverse la zone euro sur les marchés financiers : tout cela pèse aujourd'hui davantage que les prévisions du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) pour 2050. D'autant que le doute s'est installé sur les travaux du GIEC après les révélations d'erreurs dans son dernier rapport.
On peut déplorer cette vue à court terme, alors que l'avenir de nos sociétés est en jeu. On peut regretter que le climat ajoute encore au spectacle de division qu'offre l'Europe. On se consolera en rappelant que l'Union européenne détient moins de 15 % - la part de ses émissions - de la solution mondiale du climat.
Ce repli annoncé est surtout le symptôme de l'enlisement qui guette les négociations internationales à venir. Leur chance d'aboutir à Cancun, au Mexique, en décembre 2010, diminue chaque jour. L'avenir s'annonce plus pollué.
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