La question est de savoir s'il n'est pas déjà trop tard et si le plan, au-delà de la réaction positive initiale observée lundi matin sur les marchés, sera en mesure de ramener durablement le calme. D'abord, annoncer la création d'un fonds de 750 milliards d'euros pour aider des pays défaillants, c'est, d'une certaine manière, entériner que l'Espagne et le Portugal vont connaître de très graves difficultés au cours des prochains mois.
La zone euro elle-même est prête à débloquer 500 milliards, ce qui est fait pour convaincre, mais inquiète aussi. Car c'est par l'emprunt que les pays de la zone euro se procureront l'argent nécessaire. C'est par de l'endettement supplémentaire que les Européens prétendent combattre une crise due à la dette. C'est en creusant de nouveaux trous qu'ils prétendent en boucher d'autres. Des plans de rigueur d'un côté, des emprunts à tout-va de l'autre...
Autre point inquiétant, la perte de crédibilité de la Banque centrale européenne. Son président, Jean-Claude Trichet, avait déjà dû accepter la participation du FMI au plan d'aide à la Grèce après s'y être publiquement opposé. Il a dû se résoudre à ce que son institution achète directement des emprunts d'Etat - ce qui revient à "monétiser" la dette - après avoir totalement écarté cette éventualité trois jours auparavant. Cela fait beaucoup de couleuvres avalées pour une BCE qui, jusqu'à présent, était la seule institution européenne à inspirer confiance aux grands investisseurs internationaux.
Surtout, ce plan n'offre pas la moindre piste pour remédier aux défauts de structure de l'Union monétaire que la crise a mis en évidence : absence de gouvernance économique et de solidarité budgétaire, écarts de compétitivité entre pays, problèmes de croissance, et donc de solvabilité, à terme, des pays d'Europe du Sud. Le plan d'urgence permettra de faire tomber la fièvre, pas de guérir le malade.
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