S'il s'agit bien de deux attentats-suicides, la responsabilité en incombe à leurs auteurs - et uniquement à eux. Ils ou elles ont choisi la barbarie - personne d'autre. Ce fut leur choix, délibéré. Dans l'inhumanité, on ne placera un peu plus haut peut-être que ceux qui ont manipulé les deux terroristes. Ceux qui leur ont confié leurs ceintures d'explosifs. Ceux qui entretiennent une morbide culture de la mort et du martyre.
C'est vrai à Moscou comme au Proche-Orient, en Asie, partout où le recours au terrorisme tend à être moralement, politiquement, journalistiquement banalisé au nom de cette figure de rhétorique qu'est l'invocation de la "situation"...
Il faut rappeler ceci encore. Nombre de révoltes ont été confrontées dans l'histoire à des régimes iniques et cruels, à des vagues de répression atroces. Et nombre de ces résistances se sont toujours refusées à pareils actes. Il y a la fin et les moyens choisis ; ceux-là peuvent desservir celle-là. Ce n'est pas - pas seulement - un sujet de dissertation pour baccalauréat de philosophie. C'est une question de civilisation.
La réaction de Vladimir Poutine n'augure rien de bon. Le premier ministre russe a parlé d'aller "curer les égouts" pour retrouver les auteurs des attentats. Quelques années plus tôt, M. Poutine s'était fait fort d'aller "buter les terroristes jusque dans les chiottes". Ces rodomontades sont en général le prélude à une répression accrue, quand ce n'est pas la guerre, dans la région visée et d'où viendraient les "kamikazes" : les petites républiques du Caucase Nord, au sud de la Fédération de Russie.
Seulement, voilà dix ans déjà, sinon plus, que Moscou répond par la force brute aux difficultés d'une région profondément déstabilisée. L'armée russe a infligé à la Tchétchénie, qui voulait son indépendance, ce que peu de pays ont subi : des morts civils par dizaines de milliers, pour à peine un million d'habitants, des transferts de population massifs.
D'autres républiques sont à leur tour déstabilisées par des rebelles islamistes, celles d'Ingouchie et du Daghestan. Mais elles le sont tout autant par l'action de bandes armées, de trafiquants d'armes, de drogue et de femmes, liées aux hommes que le Kremlin a mis en place en Tchétchénie. La population est prise en otage, victime d'atrocités commises par les forces de l'ordre comme par les rebelles. Le Caucase Nord a besoin d'un peu d'Etat de droit, pas de plus de répression.
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