Mais surtout, sous réserve que l'enquête le confirme désormais, le parquet donne crédit aux critiques très sévères formulées par l'inspection du travail contre l'ensemble de "la politique de réorganisation et de management" menée depuis 2006 par l'entreprise pour réduire ses effectifs et ses coûts et améliorer sa productivité. Au-delà de dysfonctionnements isolés dans tel ou tel service, au-delà de la détresse singulière de tel ou tel salarié, c'est un système qui est mis en cause, dans sa logique et ses modalités.
Ce n'est pas totalement nouveau. Le 10 novembre 2009, dans une affaire individuelle de harcèlement moral, la Cour de cassation avait élargi son jugement et estimé que le harcèlement peut être caractérisé par "des méthodes de gestion".
De même, après quatre mois de discussions, les partenaires sociaux sont parvenus à un accord, le 26 février, sur le harcèlement et la violence au travail. Même si ce texte n'énonce que des recommandations de bonne conduite et reste donc de portée juridique limitée, il n'esquive pas complètement, comme le souhaitait le Medef, la responsabilité des modes de management et de fonctionnement de l'entreprise dans les situations de harcèlement.
La décision du parquet de Paris à l'encontre de France Télécom devrait accélérer cette prise de conscience. De manière certainement douloureuse, mais salutaire. La loi du silence qui a trop longtemps régné sur ce sujet est en train d'être rompue.
Après deux décennies de course effrénée aux gains de productivité et de pression croissante, voire aveugle, sur les salariés, elle doit conduire à une remise à plat, profonde et sincère, de l'organisation de l'entreprise. Afin de remettre le travail au centre et de lui redonner un sens qu'il a, trop souvent, perdu.
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