Le chef de l'Etat, lui, nie toute responsabilité, expliquant qu'il n'a pas pu faire campagne en France métropolitaine. En revanche, lorsqu'il s'est engagé, comme à la Réunion ou en Guyane – lors d'une visite éclair de trois heures –, la droite l'a emporté. Le chef de l'Etat croit à la reconquête, mais les atouts du sarkozysme ont été sérieusement ébranlés depuis l'été 2009.
Les passions privées Priorité : sortir de cette folle rumeur sur sa vie privée. Le chef de l'Etat espère que son épouse, en intervenant, mercredi, sur Europe 1, a clos le sujet. Le problème, c'est que les crises personnelles deviennent régulières et perturbent l'exécutif. Les rumeurs, qui l'ont fait "entrer en transe", selon un conseiller, s'ajoutent à la série régulière des polémiques personnelles. "Nicolas Sarkozy a déserté la fonction présidentielle", expliquait un proche lors de son divorce avec Cécilia.
En septembre 2009, de New York, le chef de l'Etat n'a pas pu s'empêcher de traiter les prévenus dans l'affaire Clearstream de "coupables". Survient ensuite l'élection prévue de son fils Jean à la tête du quartier d'affaires de la défense. M.Sarkozy ne décèle qu'un complot contre sa famille. "C'est très élégant", accuse le chef de l'Etat, après avoir vanté dans un discours l'égalité républicaine. Il réalise l'ampleur du malentendu lorsque des centaines de journalistes étrangers accourent à la Défense.
L'impossible présidentialisation Ces épisodes sapent les efforts de "présidentialisation" de M.Sarkozy. Dès le 31 décembre 2009, lors de ses vœux, il tente d'endosser l'habit du rassembleur. En pleine polémique sur le débat sur l'identité nationale, il en appelle à la "fraternité" et invite au dialogue.
Il change de style lors de ses visites d'usine. A Cholet en janvier, il se place au milieu des ouvriers, se réjouit de "la bonne ambiance", souhaite un débat public avec "moins d'injures". Ensuite, sur TF1, il inaugure un débat avec une dizaine de Français, sous l'animation de Jean-Pierre Pernaut, l'inventeur de la télévision de proximité. Mais l'émission est perturbée par la polémique sur le salaire d'Henri Proglio, nouveau patron d'EDF qu'il choisit de défendre. Très suivie, l'émission ne permet pas d'enrayer sa chute dans les sondages.
Au lendemain des régionales, M.Sarkozy se fait plus chiraquien. Lors d'une table ronde dans une ferme de l'Essonne, mardi 6 avril, il renonce à tout propos liminaire. Finis les "je veux" ou "je n'accepterai pas". Il arrive sans annonce miracle, écoute ses contradicteurs qui n'en démordent pas. "Qu'est-ce que je dis à mes adhérents à qui l'on retire 80 euros de subvention à l'hectare?", persiste un syndicaliste céréalier.
La fin du mythe de la personne irremplaçable M.Sarkozy est-il le bon candidat pour 2012 ? Le doute s'est installé. Au plus fort de la crise, la question ne se posait même pas: "Imaginez si Ségolène Royal avait été présidente!", répétaient les proches de M.Sarkozy. Les régionales ont fait tomber le tabou. La première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, est jugée crédible.
A droite, les ambitions renaissent. Celles de Dominique de Villepin, bien sûr, de Jean-François Copé, jeune patron du groupe UMP à l'Assemblée, mais aussi de Alain Juppé, qui a annoncé sa candidature aux primaires de l'UMP. Uniquement si M.Sarkozy ne se présente pas, bien entendu. L'ex-ministre du budget Alain Lambert n'a pas ces préventions. Sur son blog, le 2 avril, il a dénoncé "le concert des hypocrites… pour dire que [Nicolas Sarkozy] restait notre sauveur à tous". Pour le sénateur de l'Orne, le chef de l'Etat "n'est pas en situation de faire gagner nos idées en 2012".
Les dogmes du sarkozysme ébranlés La brèche est ouverte avec l'abandon de la taxe carbone, naguère présentée comme une révolution comparable à l'abolition de peine de mort. Son sort a été scellé d'une phrase lors au salon de l'agriculture en mars. "L'environnement, cela commence à bien faire." C'est désormais le bouclier fiscal, dogme fondateur du sarkozysme 2007, qui est contesté à l'UMP. Le chef de l'Etat assure qu'il ne veut pas y toucher, mais il prépare discrètement les esprits à une hausse des impôts à l'occasion de la réforme des retraites. L'Elysée évoque désormais un "prélèvement spécifique" qui pourrait toucher les hauts revenus.
L'absence de projets Une pause, quelle pause? Le chef de l'Etat avait expliqué au Figaro Magazine avant les régionales qu'il ferait une "pause" fin 2011. Nul n'a retenu la date, mais seulement le mot pause. "Je me suis mal exprimé", concède en privé M.Sarkozy. En réalité, son seul projet est celui des retraites. Le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, philosophait citant l'Ecclésiaste: "Il y a un temps pour semer, un temps pour récolter". Les ministres s'inquiètent. "C'est vrai qu'il y a un trou", commente l'un d'eux.
Chacun s'interroge sur le projet pour 2012, alors que le trio magique, qui avait permis de gagner en 2007 (Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, Henri Guaino, "plume" du président, et Emmanuelle Mignon, tête chercheuse de M.Sarkozy) est miné par ses divisions. Mme Mignon a quitté l'Elysée, M.Guaino boude les réunions du matin. A Noël, M.Sarkozy avait expliqué qu'il ne se représenterait que s'il avait un "nouveau rêve" à proposer aux Français.
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