sábado, 3 de abril de 2010

LE MONDE: "EUROPE, REVEILLE-TOI!"

Editorial

Europe , reveille-toi !


Réagissez à cet article





Déficits publics, chômage record... En ce premier trimestre de l'année 2010, l'Europe broie du noir. En déduire que la planète va mal serait cependant se tromper de focale. Aux Etats-Unis, les créations d'emplois semblent repartir. L'engouement mondial pour l'IPad d'Apple, en vente ce samedi 3 avril, montre que la Californie n'a rien perdu de son leadership technologique. Et Barack Obama, fort de l'adoption de son plan santé et de l'accord sur le désarmement nucléaire avec la Russie, reprend de l'ascendant.


Le projet français est de bâtir un dispositif de prévention des  crises dans le secteur financier, en taxant les activités les plus  risquées des banques, donc les plus dangereuses pour la stabilité du  système bancaire.

Surtout, l'Asie émergente continue d'ignorer superbement la crise. La croissance en Chine ? Les plus pessimistes prévoient 8 % cette année, les plus optimistes près de 12 %. En Inde ? Ce sera au moins 7,5 %. Toute l'Asie est tirée par ces deux locomotives. Malgré des rivalités ancestrales, une union monétaire est en train de voir le jour. Pendant que les Européens se divisent sur l'aide à apporter à la Grèce, la Chine, la Corée, le Japon et les pays de l'Asean viennent de mettre en place un fonds de 120 milliards de dollars pour prévenir les crises de liquidités. On ne parle pas encore d'un Fonds monétaire asiatique, mais il est clair que l'Asie s'organise pour, à l'avenir, se passer du FMI, trop occidental à ses yeux.

Ce dynamisme se retrouve au niveau des entreprises. Qui rachète le suédois Volvo ? Le constructeur automobile chinois Geely. Qui vient de passer de la dixième à la cinquième place des opérateurs téléphoniques mondiaux en mettant la main sur plusieurs réseaux de télécommunication africains ? Le géant indien Bharti. Qui a actuellement le vent en poupe dans le nucléaire civil, notamment dans les pays du Golfe ? Les groupes sud-coréens, au grand dam des industriels français de la filière. Comme le constatait récemment, dans Les Echos, un des meilleurs observateurs français de la mondialisation, Christophe de Margerie, PDG de Total : "A force de méfiance et d'incompréhension, nous sommes en train de pousser le Moyen-Orient dans les bras de l'Asie."

Les Asiatiques ne sont d'ailleurs pas les seuls à faire preuve d'un optimisme à toute épreuve. Dans quelques mois, le président Lula quittera ses fonctions, fort d'avoir su imposer son pays sur la scène internationale. Lui qui était arrivé à la tête d'un pays exsangue et humilié par le FMI peut désormais se permettre de lancer un vaste programme d'investissement public : plus de 600 milliards d'euros sur six ans.

Pendant ce temps, l'Union européenne fait du surplace, incapable d'avoir une véritable vision de l'avenir. Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI, vient de dresser un constat peu diplomatique : "Le risque pour les économies européennes est -qu'elles se retrouvent en deuxième division et non pas en première avec les Etats-Unis et l'Asie." Non pas parce que leur endettement est excessif, mais parce qu'elles ne se préoccupent pas suffisamment de croissance et d'innovation. On aurait tort de ne pas prendre l'avertissement au sérieux. Le monde repart et l'Europe reste à quai.


No hay comentarios:

Publicar un comentario