martes, 15 de junio de 2010

CAMERON EL MEMORIOSO

Prime Minister David Cameron apologises on behalf of UK government for "unjustified" Bloody Sunday killings in Northern Ireland

Londres et "Derry" attendent la publication du rapport sur le Bloody Sunday
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 15.06.10 | 10h21 • Mis à jour le 15.06.10 | 13h13

e rapport sur le "Bloody Sunday", le "dimanche sanglant" du 30 janvier 1972 où la répression par l'armée britannique d'une manifestation catholique à Londonderry avait fait 14 morts, sera rendu public mardi, après douze ans d'enquête. Le rapport sera publié à 16 h 30 simultanément à Londres, où le premier ministre, David Cameron, prononcera un discours devant le Parlement britannique, et à Londonderry, deuxième ville d'Irlande du Nord, où des milliers de manifestants sont attendus. Cinq mille pages de conclusions, plus de 2 500 témoignages, un coût dépassant 190 millions de livres (230 millions d'euros) : l'enquête est marquée par son gigantisme mais également sa lenteur. Lancée en 1998 par le premier ministre d'alors, Tony Blair, elle devait être achevée en 2005.

Le 30 janvier 1972, des parachutistes britanniques avaient fait feu dans une foule de catholiques manifestant à Londonderry pour la défense de leurs droits civiques. Treize personnes avaient succombé sur le coup, une autre plus tard à l'hôpital. Une enquête menée sitôt les faits avait jugé que les soldats avaient riposté à des tirs de manifestants. Aucune arme n'avait cependant été retrouvée et aucun militaire blessé.

Selon la presse, la commission Saville, du nom de son président, le juge Mark Saville — assisté du Canadien William Hoyt et de l'Australien John Toohey —, devrait innocenter les victimes mais il reste à savoir si elle accréditera la thèse des soldats incriminés qui avaient dit avoir fait feu parce que des "terroristes" de l'IRA (Armée républicaine irlandaise) s'étaient infiltrés dans la foule, parmi les manifestants. Durant leur enquête, ils ont entendu l'ex-premier ministre britannique Edward Heath, l'ancien chef d'état-major britannique Mike Jackson, et l'actuel vice-premier ministre nord-irlandais Martin McGuinness, qui a confirmé lors de son audition qu'il appartenait en 1972 à l'IRA. Il n'est pas exclu que le rapport débouche sur des poursuites judiciaires à l'encontre de cadres de l'armée. Personne, toutefois, ne pourra être incriminé par son propre témoignage devant les juges.

MARCHE SYMBOLIQUE

Dans la matinée de mardi, les familles des victimes ont repris symboliquement le défilé qui avait été interrompu en 1972 à Londonderry, que les séparatistes catholiques préfèrent appeler Derry. Brandissant des photos en noir et blanc des victimes, les proches des victimes ont marché lors d'une procession silencieuse depuis le monument dédié à "Bloody Sunday", sur Rossville Street, jusqu'au guildhall (mairie). Des milliers de personnes, selon la presse locale, doivent reproduire en début d'après-midi le même parcours et se rassembler devant le bâtiment officiel pour assister sur écran géant au discours de David Cameron.

Le "Bloody Sunday" est considéré comme l'un des faits les plus marquants des trente ans de "troubles" entre catholiques et protestants, qui ont fait 3 500 morts environ, et auxquels a mis fin un accord de paix signé en 1998.

Entré dans la culture populaire avec la chanson du groupe irlandais U2 puis le film du cinéaste britannique Paul Greengrass, le Bloody Sunday symbolise aux yeux des nationalistes irlandais l'arbitraire de l'ennemi britannique. Quelles qu'elles soient, les conclusions de Lord Saville promettent d'être polémiques, dans une société encore divisée malgré les progrès accomplis. Elles fourniront aussi un test de la stabilité du gouvernement d'union entre protestants et catholiques.




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