lunes, 14 de junio de 2010

¿UNA ESTRATEGIA NO COOPERATIVA?

Edito du Monde
Les fausses vertus de l'exemplarité allemande
LE MONDE | 14.06.10 | 13h38

ue la zone euro soit aujourd'hui malade des pays d'Europe du Sud, de leurs faiblesses économiques structurelles, de leur manque de compétitivité, personne ne peut le nier. Mais il faut aussi se demander si elle n'est pas malade, et plus gravement encore, de la stratégie économique menée par sa première puissance, à savoir l'Allemagne.

Il y a une semaine, Berlin annonçait, à la surprise générale, un plan d'économies budgétaires de 80 milliards d'euros d'ici à 2014. Le président de la Bundesbank, Axel Weber, s'est réjoui de ce programme, qui a "valeur d'exemple".

Certes, les mesures de rigueur décidées par l'Allemagne vont contraindre ses partenaires, en premier lieu la France, à faire enfin un véritable ménage dans leurs propres comptes publics et à ne pas se contenter de promesses creuses. Mais en dehors de cet impact vertueux, l'austérité allemande apparaît au moins aussi inutile que dangereuse. Inutile dans la mesure où les marchés n'exercent aucune pression sur les emprunts d'Etat allemands, considérés par les investisseurs comme des valeurs extrêmement sûres, et qui présentent les taux d'intérêt les plus bas au monde.

Surtout, la rigueur allemande risque d'avoir des effets très négatifs sur la croissance dans toute l'Europe, sans laquelle il est vain d'espérer un assainissement durable des finances publiques. Les mesures d'économies budgétaires vont peser sur la consommation des ménages allemands, alors même que Paris, Washington et l'ensemble des économistes réclamaient, au contraire, qu'elle soit stimulée pour soutenir la croissance chez ses voisins.

Au lieu de cela, l'Allemagne choisit de s'enfermer dans une stratégie "non coopérative", pour parler comme les experts, convaincue de la supériorité de son modèle de croissance, fondé sur la compétitivité, via la maîtrise des coûts salariaux, et les exportations.

C'est oublier que ce modèle ne fonctionne, comme l'avait justement remarqué la ministre de l'économie, Christine Lagarde, que si d'autres pays choisissent une voie différente, celle de la demande intérieure. Par définition, tout le monde ne peut pas dégager des excédents "kolossaux". L'année 2009, au cours de laquelle l'Allemagne, victime de l'effondrement du commerce mondial, a subi une récession de 5 %, aurait pourtant dû lui faire prendre conscience que son modèle n'est pas si parfait que cela. Et qu'il est grand temps de le rééquilibrer pour son propre bien, celui de ses partenaires et l'avenir de l'euro. Ce n'est, à l'évidence, pas le cas.

Berlin ne cesse de réclamer une meilleure gouvernance économique de la zone euro, en insistant sur la nécessité de renforcer le pacte de stabilité et les mesures de sanction contre les pays laxistes. Mais une meilleure gouvernance, c'est aussi, surtout, une meilleure harmonisation des stratégies, un sens du jeu collectif. Il faut regretter que Mme Merkel n'affiche pas, en matière de politique économique européenne, les mêmes vertus que la Mannschaft, l'équipe allemande, en Afrique du Sud.


Article paru dans l'édition du 15.06.10

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