En réalité, l'Amérique a bon dos et les Européens ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes. Le traité de Lisbonne était censé donner - enfin - visibilité et continuité à l'action extérieure de l'Europe. Il n'en est rien pour l'instant. La concurrence entre la présidence tournante de l'Union européenne (M. Zapatero) et la présidence stable du Conseil européen exercée par le Belge Hermann Van Rompuy est déjà patente. La Commission présidée par José Manuel Barroso n'en finit pas d'être investie par le Parlement européen. La haute représentante pour les affaires extérieures peine à trouver ses marques.
Quant à la grave crise budgétaire de la Grèce, elle témoigne à nouveau de l'absence cruelle d'un minimum de coordination des politiques des pays membres de la zone euro, sans même parler de "gouvernement économique".
Cela fait beaucoup de handicaps, aux yeux d'un président américain qui a d'autres chats à fouetter. Confronté à une situation économique et politique intérieure délicate et contraint de redéfinir un "leadership" mondial de plus en plus contesté, notamment par Pékin, il n'est guère surprenant que M. Obama se dispense de participer à des sommets où l'on s'enlise dans des conflits dérisoires.
Les Européens se sentent d'autant plus délaissés qu'ils ont subi un cuisant échec au sommet de Copenhague sur le climat, où ils n'ont pas réussi à entraîner le reste du monde. L'Europe n'a pas su démontrer qu'elle peut être un modèle. Elle constate qu'elle n'est pas un partenaire stratégique déterminant. C'est à elle d'en tirer la leçon si elle ne veut pas se laisser, plus encore, marginaliser.
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