La dette espagnole menace le retour de la croissance
LE MONDE | 12.02.10 | 14h46
Madrid Correspondant
La Bourse de Madrid remonte, le moral des dirigeants espagnols aussi. Depuis quelques jours, la dette publique espagnole obsède moins les marchés et les investisseurs, qui redoutaient une dérive à la grecque, et qui semblent s'accommoder du plan de rigueur de 50 milliards d'euros annoncé par le gouvernement socialiste espagnol, pour ramener le déficit public de 11,4 % en 2009 à moins de 3 % en 2013. "C'était un débat sans fondement", a déclaré José Luis Rodriguez Zapatero, jeudi 11 février à Bruxelles, rappelant à nouveau que la dette espagnole est de 20 points inférieure à la moyenne européenne.
La veille, l'agence de notation Moody's avait confirmé sa note AAA (la plus élevée qui soit) pour l'économie espagnole,PARECE UN CHISTE dont la perspective est qualifiée de "stable". Pour l'agence Fitch, "l'Espagne réunit toujours les conditions d'une note AAA", car le gouvernement "a réagi relativement vite pour réorienter sa politique budgétaire en vue d'une consolidation" des finances publiques.OTRO CHISTE, MÁS GRUESO TODAVÍA
Madrid a surtout apprécié le revirement du Financial Times, un quotidien qui a valeur de bible pour les dirigeants espagnols. En quelques jours, d'un éditorial à l'autre, le "pseudo-plan" de stabilité présenté par l'Espagne à Bruxelles est devenu "un plan sérieux".CURIOSA CONVERSIÓN Alors qu'il redoutait "que se développe en Espagne un drame potentiellement plus grand" que le grec, le "FT" admet désormais que "l'Espagne est nettement différente de la Grèce".
La dette publique devrait atteindre 66 % du produit intérieur brut (PIB) à la fin de l'année, soit presque le double de ce qu'elle était en 2007. Elle reste très en deçà des dettes italienne ou belge. Néanmoins, l'Espagne doit compter avec le spectaculaire endettement de ses entreprises et des ménages. Tout compris, des administrations publiques aux banques, en passant par les familles, la dette globale LA DECISIVA a représenté près de quatre fois le PIB en 2009, selon le quotidien économique Cinco Dias du 10 février. L'endettement des ménages a doublé depuis 2000, pour atteindre 89 % du PIB.
Depuis l'éclatement de la bulle immobilière, fin 2007, la tendance est à la réduction de la dette des familles, mais l'argent va à l'épargne plus qu'aux investissements et à la consommation. Le taux d'épargne a représenté 18 % du revenu disponible fin 2009, un niveau historique pour le pays. LA NECESIDAD OBLIGA, Y EL RIESGO ABRULMA Près des deux tiers sont destinés à réduire la dette. Cette tendance n'est pas de nature à rassurer sur le modèle de croissance de l'Espagne. EVIDENTEMENTE
Le "coeur de la crise"
Selon les statistiques officielles publiées jeudi 11 février, le pays a enregistré, fin 2009, son septième trimestre consécutif de croissance négative (- 0,1 %), restant la dernière économie de la zone euro en récession. Sur l'ensemble de l'année 2009, l'économie espagnole a connu sa plus forte baisse depuis un demi-siècle (8 3,6 %). La plupart des économistes trouvent optimistes les perspectives de croissance de 2,9 % pour 2012 et de 3,1 % pour 2013 que le gouvernement a intégrées à son programme de stabilité. "Si l'accroissement du PIB se limite à 2 %, l'objectif de remplir les objectifs du pacte de stabilité en 2013 ne sera pas réalisable", conclut l'analyste Sara Balina, de Analistas financieros internacionales (AFI).
Pour le Prix Nobel d'économie américain Paul Krugman, l'Espagne reste "le coeur de la crise" de la zone euro : sans possibilité de dévaluer,JUICIO MUCHO MÁS FUNDADO QUE EL GIRO DEL FINANCIAL TIMES le pays "semble condamné à des années de déflation et de chômage élevé".
Jean-Jacques Bozonnet
Article paru dans l'édition du 13.02.10
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