L'unité des Verts, un appel d'air pour la politique
| 12.11.10 | 13h31
Dans le monde politique, l'innovation est suffisamment rare pour ne pas la saluer quand elle se manifeste. Samedi 13 novembre, lors d'assises nationales, à Lyon,Europe Ecologie et les Verts vont fusionner pour donner naissance à un nouveau mouvement. Avec 15 000 adhérents annoncés, cette force, pour l'instant sans nom, vise à fédérer l'ensemble des familles de l'écologie politique.
Depuis leur fondation, en 1984, les Verts, issus déjà d'une fusion entre plusieurs branches de l'écologie, ont été souvent raillés. Les politiques se gaussaient de leur immaturité, de leurs chamailleries perpétuelles, de leur fonctionnement brouillon. Les Verts ont attendu dix ans, en 1994, pour s'ancrer à gauche. Avec trois ministres de 1997 à 2002, ils ont commencé à acquérir une culture de gouvernement. Mais ils n'ont jamais réussi, seuls, une percée électorale, réalisant leurs meilleurs scores lors du scrutin présidentiel de 2002 (5,25 %) et aux européennes de 2004 (7,4 %).
L'alliance entre les Verts et Europe Ecologie de Daniel Cohn-Bendit a changé la donne. Aux européennes de 2009, les écologistes, avec 16,28 %, se sont hissés au rang du Parti socialiste, alors en pleine déroute. Les régionales de 2010 ont consolidé leur statut de partenaire privilégié du PS.
D'ores et déjà, la fusion de Lyon est une promesse : celle d'inaugurer une autre pratique de la politique, moins cynique et plus morale, de parier sur une nouvelle relation entre les élus et les citoyens, esquissant ainsi une démocratie plus participative.
Mais de la promesse au passage à l'acte, il y a encore bien des inconnues à lever. Pour faire de la politique autrement, les écologistes veulent enterrer les vieux partis et fonctionner en réseaux avec des comités locaux définis en "sujets autonomes" et regroupés dans une "coopérative".
Pour l'heure, cette notion reste un objet mal identifié, et la nouvelle force va d'abord se mouvoir comme un parti traditionnel qui élit ses dirigeants, vote des textes d'orientation et choisit ses candidats aux élections politiques.
Le devoir d'inventer une nouvelle pratique de la politique reste un voeu. Il suppose que les écologistes parviennent à se fédérer durablement - et leur histoire oblige à la prudence -, alors que les divergences ne manquent pas entre les anciens Verts et les amis de M. Cohn-Bendit. La probable candidature d'Eva Joly à la présidentielle de 2012 sera un test.
Pour l'ensemble de la gauche, elle-même en pleine recomposition, les assises de Lyon peuvent avoir le même impact que le congrès d'Epinay, en 1971, qui avait vu la famille socialiste se réunifier autour de François Mitterrand. Encore faut-il que la recomposition ne soit pas synonyme de confusion. Au PS, la préparation du projet écorne l'unité et fait resurgir le clivage entre les ambitieux et les réalistes. Le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon est guetté par une tentation populiste. Le Parti communiste tente de survivre. L'émergence d'une nouvelle alliance entre la gauche et les écologistes pour 2012 s'apparente à une course d'obstacles.
Article paru dans l'édition du 13.11.10
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