jueves, 25 de noviembre de 2010

SARKOZY, 1995

Karachi : En 1995, Sarkozy, influent porte-parole de Balladur

LEMONDE.FR | 24.11.10 | 12h50 • Mis à jour le 24.11.10 | 16h02

Edouard Balladur et Nicolas Sarkozy, le 22 février 1995

Edouard Balladur et Nicolas Sarkozy, le 22 février 1995AFP/GERARD FOUET

La question a provoqué débats et controverses sur Internet. Elle est aussi à l'origine du "coup de sang" présidentiel de vendredi : quel était le rôle exact de Nicolas Sarkozy durant la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995 ? Deux éléments ont pu induire certains en erreur : d'abord, la fiche Wikipedia de Nicolas Sarkozy, qui l'a longtemps présenté comme "directeur de campagne", et qui n'a été corrigée que le 23 novembre dernier. Ensuite, les approximations de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), qui lui attribue dans la description de vidéos de l'époque le titre de "directeur de campagne", alors que dans les vidéos, il est présenté comme porte-parole.

Contrairement à ce que croyaient nombre de gens sur ces bases, reprises dans certains articles de presse, Nicolas Sarkozy n'a jamais été officiellement ni directeur ni trésorier de la campagne d'Edouard Balladur. Son titre officiel, qu'on retrouve dans les archives de la presse de l'époque, dont Le Monde, était bel et bien celui de porte-parole (voir par exemple cet article des Echos du 28 mars 1995). Le directeur de la campagne d'Edouard Balladur était Nicolas Bazire, son autre homme de confiance, qui gérait son cabinet à Matignon, finalement préféré à Nicolas Sarkozy. Quant au trésorier de la campagne, il s'est exprimé sur le site Mediapart : il s'agit de René Galy-Dejean, longtemps député et maire du 15ème arrondissement à Paris.

"LES DEUX GAMINS LES PLUS PUISSANTS DE FRANCE"

Nicolas Sarkozy était-il pour autant privé de toute influence, comme il a tenté de l'expliquer aux journalistes, vendredi 19 novembre ? Pas sûr. D'une part, il jouait un rôle d'homme de confiance auprès d'Edouard Balladur. Après son ralliement au camp du premier ministre, celui-ci n'a eu de cesse de lui confier missions et tâches : ministre du budget, il obtient le porte-parolat du gouvernement et, lorsqu'Alain Carignon est mis en examen en 1994, il récupère son portefeuille de ministre de la communication.

Les "deux Nicolas", Bazire et Sarkozy, comme les baptisera la journalisteGhislaine Ottenheimer dans un livre (Les Deux Nicolas, la machine Balladur chez Plon), jouent un rôle prépondérant auprès du premier ministre. Omniprésents, ils arbitrent, décident, cornaquent les autres membres du gouvernement... Un article de L'Expansion de 1994 reprend la formule d'Ottenheimer, les présentant comme"les deux gamins les plus puissants de France". La journaliste s'interroge : "Pourquoi [Edouard Balladur] en a-t-il fait ses deux conseillers exclusifs ? Car ils sont sa machine de guerre pour conquérir l'Elysée". Et précise: "Sarkozy a pris le rôle du propagandiste et Bazire celui du machiniste."

UN PORTE-PAROLE TRÈS INFLUENT

Nicolas Sarkozy ne fait pas que parler à la presse : il s'occupe en fait de façonner le discours du candidat et constitue une pièce maîtresse du dispositif de campagne d'Edouard Balladur. Invité de "La France en direct", sur Antenne 2, le 30 janvier 1995, il est ainsi présenté comme "porte-parole, et pas que cela sur le plan politique", ce à quoi il acquiesce.

Un peu plus tôt, le 8 janvier, François-Henri de Virieu le présentait, au début de "L'heure de vérité", comme "l'homme-orchestre du gouvernement", qui sera,"selon toute vraisemblance, l'homme-orchestre de la campagne électorale d'Edouard Balladur, dont vous connaissez toutes les intentions et tous les projets". Là encore, Nicolas Sarkozy approuve la description.

Preuve encore de son influence, cette citation, extraite des Echos le 10 février 1995 : "Depuis qu'il s'est déclaré candidat, Edouard Balladur réunit chaque semaine un comité politique. Quatre hommes y siègent systématiquement: Nicolas Sarkozy, Charles Pasqua, François Léotard et François Bayrou". L'actuel patron du MoDem fait également partie du "premier cercle". D'où les allusions d'Hervé Morin à son égard : le 18 novembre dernier, l'ex-ministre de la défense expliquait : "Toutes celles et tous ceux qui ont joué un rôle prépondérant dans la campagne d'Edouard Balladur, qu'ils disent ce qu'ils savent de l'organisation de cette campagne. Ils ont peut-être en eux aussi un secret-défense !"

Si Nicolas Sarkozy n'était pas en charge des financement de la campagne, il paraît donc tout à fait plausible, vu son rôle, qu'il ait été au courant des grandes lignes de celui-ci. D'autant plus qu'il était de ceux qui ont convaincu le premier ministre de se présenter, et qu'il savait que les finances seraient un problème. Balladur n'étant pas le candidat officiel du RPR, il ne disposait pas des fonds du parti.

Samuel Laurent

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