lunes, 1 de noviembre de 2010

YO ME HAGO LA MISMA PREGUNTA

Imprimerhttp://pubs.lemonde.fr/5/LEMONDE-IDEES/interactivite/imprimer/583233773/Position1/OasDefault/default/empty.gif/35353361383266343463326133336130

Un geste pour la planète : l'impression de cette information est-elle vraiment nécessaire ?

Mais ils sont où, mais ils sont où, les socialistes ?

LEMONDE | 01.11.10 | 13h53 • Mis à jour le 01.11.10 | 18h51

La question s'était posée, il y a deux ans, après le déclenchement de la crise financière et économique mondiale : comment les socialistes français, et plus largement européens, avaient-ils réussi à ne pas tirer le moindre bénéfice politique de cette situation ? Après tout, cette crise leur donnait raison, justifiait à la fois leurs mises en garde contre l'exubérance irrationnelle des marchés financiers et leurs plaidoyers pour un capitalisme tempéré et régulé. Ils auraient donc dû se retrouver vent en poupe. Il n'en fut rien. A Paris, Berlin, Londres ou Stockholm, les sociaux-démocrates sont apparus comme les défenseurs d'un monde obsolète, peu crédibles pour sortir l'économie planétaire de l'ornière.

http://a1692.g.akamai.net/n/1692/2042/1077898746/pubs.lemonde.fr/RealMedia/ads/Creatives/OasDefault/publicite/pub300t.gif

http://pubs.lemonde.fr/5/LEMONDE-IDEES/interactivite/imprimer/912352999/Frame1/OasDefault/default/empty.gif/35353361383266343463326133336130

Alors que le conflit des retraites touche à sa fin, une interrogation similaire est aujourd'hui inévitable. Depuis deux mois, le "peuple de gauche" manifeste et proteste sans désemparer contre cette réforme. Le président de la République égale des records d'impopularité. Le gouvernement, en préavis de remaniement, est en apesanteur. Le chômage, total ou partiel, touche 4 millions de salariés. L'avenir inquiète les jeunes, et pas seulement eux.

Pourtant, aucun frémissement, aucun mouvement ne se dessine en faveur de la gauche française, et des socialistes en particulier. L'opinion répond à peu près invariablement aux sondeurs qu'ils ne feraient pas mieux s'ils étaient aux affaires. Quant à leurs principaux chefs de file, ils n'engrangent pas le crédit dont ils auront besoin, demain, pour affronter Nicolas Sarkozy. Leur popularité s'est renforcée, mais la confiance n'est toujours pas là.

A cet égard, le baromètre mensuel de la Sofres est impitoyable, parce qu'il pose, à propos des principaux responsables politiques, une question exigeante : "Souhaitez-vous lui voir jouer un rôle important au cours des mois et des années à venir ?" Le résultat est sévère. La première secrétaire du PS, Martine Aubry, recueillait 44 % d'opinions positives en septembre ; elle retombe à 39 % en octobre. L'ancienne candidate de 2007, Ségolène Royal, piétine à 30 %. En dépit d'une intense campagne pour faire entendre sa voix, François Hollande ne franchit pas cette barre (27 %). Et le supposé champion des sondages, Dominique Strauss-Kahn, plafonne depuis un an autour de 45 %. Pour les quatre principaux candidats putatifs, c'est maigre, à dix-huit mois de la présidentielle.

Tout se passe, pour l'heure, comme si les un(e) s et les autres restaient impuissants à incarner un projet de gauche convaincant. Trois mots-clefs - incarner, projet, gauche - que le PS traîne comme des boulets depuis bientôt dix ans et que le conflit des retraites n'a pas allégés.

Commençons par le projet, puisque, paraît-il, la question de "l'incarnation" peut attendre. En principe, sur les retraites, il était calé dès le mois de mai : maintien du droit à la retraite à 60 ans, acceptation de l'allongement de la durée de cotisation et prise en compte des carrières longues et de la pénibilité. Le problème est que cette partition, rappelée avec fermeté et sérieux par Martine Aubry à la télévision le 14 octobre, n'a pas empêché de troublantes variations.

Un jour, c'est le patron du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, qui lâche que les 60 ans "ne sont pas un dogme". Un autre, c'est le porte-parole du PS, Benoît Hamon, qui glisse qu'il faudra reposer la question de l'allongement de la durée de cotisation. Entre les deux, Ségolène Royal et François Hollande slaloment, l'une en vestale des 60 ans, l'autre en dieu lare du "réalisme de gauche". Comprenne qui pourra ! Mais il n'en faut pas davantage pour que les Français soient dubitatifs.

Cette diversité de voix et de voies - que l'on retrouve aussi bien sur la fiscalité ou la politique économique - constitue donc un sérieux problème, tant que le ou la candidat(e) socialiste n'aura pas été désigné(e) par des primaires, prévues à l'automne 2011.

Bien sûr, depuis un an, Martine Aubry a assis son autorité sur le parti. Mieux, lors de l'université d'été de La Rochelle, fin août, elle semblait avoir trouvé la martingale gagnante, ramenant ostensiblement Ségolène Royal dans son giron pour mieux la priver de sa singularité, vantant les mérites économiques de François Hollande pour mieux le cantonner dans cette spécialité, distribuant les seconds rôles aux autres et privant d'espace le patron du FMI. Mais, depuis deux mois, elle a comme hésité à pousser son avantage. Il n'en fallait pas davantage pour que la présidente de Poitou-Charentes redonne de la voix, pour que le président du conseil général de Corrèze accélère sa campagne et pour que les amis du patron du FMI retrouvent leurs talents d'aguicheurs.

On sait que, s'ils veulent entrer dans la compétition, M. Strauss-Kahn est contraint de se déclarer le plus tard possible, tandis que Mme Aubry est désireuse de ne pas se dévoiler trop tôt. Mais ce flou entretient le sentiment que l'un comme l'autre n'envisagent cette aventure qu'à reculons. Pendant ce temps-là, le président sortant est en campagne permanente. Même s'il ne convainc pas, il avance, et sa détermination ne fait aucun doute, ce qui n'est pas tout à fait inutile, en l'occurrence...

Reste la gauche, l'ensemble de la gauche, sans laquelle le PS ne peut espérer l'emporter. Or l'affaire des retraites a démontré, là encore, que l'union sera un combat incertain. Non seulement avec l'extrême gauche, comme toujours, mais aussi avec des Verts à qui l'appétit vient en mangeant ou avec un Front de gauche dont le talent de procureur de Jean-Luc Mélenchon pourrait faire un embarrassant trublion.

Bref, les responsables du PS donnent l'impression de n'être pas vraiment entrés dans le match, ou de jouer une rencontre "amicale" entre eux. Au risque de s'entendre méchamment brocarder, lors de la finale de 2012, sur l'air de : "Mais ils sont où, mais ils sont où les socialistes ?"


Courriel : courtois@lemonde.fr.

No hay comentarios:

Publicar un comentario