Lors du procès en appel, qui se tiendra fin 2010 début 2011, "Nicolas Sarkozy ne sera pas partie civile", indique Franck Louvrier, conseiller en communication du chef de l'Etat, qui ajoute: "Aucune instruction n'a été donnée", alors que le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin, a fait appel vendredi 29 janvier.
L'Elysée avait dès jeudi après-midi une idée de ce qui allait se passer. "Villepin va de nouveau se retrouver devant les tribunaux. C'est une victoire à la Pyrrhus. Les commentaires de la presse vont être interrompus par l'appel", prédisait un conseiller de M.Sarkozy. Le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre déplorait que seuls "le ou les exécutants" aient été condamnés.
La relaxe de M.de Villepin, a médusé la "Sarkozie", convaincue de la culpabilité de M.de Villepin. "Je croyais que la justice était mieux tenue, s'étonne un proche du chef de l'Etat. Elle est indépendante. C'est une bonne nouvelle". Pour un visiteur du soir, "l'affaire montre que la France est une démocratie: Sarkozy ne savait rien du jugement et il n'y a pas eu de "plombiers". Mais la nouvelle importante de la journée, c'est le virage économique. C'est 1983 ou 1995". Nicolas Sarkozy avait en effet organisé toute une mise en scène, pour se présidentialiser en convoquant le jour du jugement une conférence sur les déficits. Que M. de Villepin soit condamné, et lui s'occupera de la France. Qu'il ne le soit pas, et la conférence fera diversion.
Celui qui avait évoqué les "coupables" de Clearstream en septembre, avait prévu une déclaration sans question, jeudi midi, à l'Elysée. Un pupitre a été installé dans la salle des fêtes déserte de l'Elysée. L'on suit sur le site Twitter la lecture du procès. 12h28: Villepin est relaxé. "Joyeux anniversaire, Monsieur le président", entonnent quelques journalistes. On les supplie de se taire. M.Sarkozy entre enfin, lit son texte sur les déficits, regardant à peine ses hôtes. On l'interpelle sur Clearstream. "Je pensais que vous preniez la parole pour me souhaiter un bon anniversaire. Attendons de connaître les éléments avant de les commenter", répond le chef de l'Etat avant de tourner les talons.
La communication du chef de l'Etat vise à montrer que M.Sarkozy est apaisé et a obtenu satisfaction. "L'agressivité change de camp", prétend un proche.
Avec son avocat Thierry Herzog, le secrétaire général de l'Elysée, le conseiller en communication Franck Louvrier et le conseiller à tout faire Pierre Charon, M.Sarkozy rédige un communiqué diffusé peu après 14 heures. "Je ne ferai pas appel de la décision du tribunal correctionnel", écrit M.Sarkozy, faussement magnanime: il n'en a pas la possibilité. Et il ne peut s'empêcher de critiquer M. de Villepin, dont le rôle dans la "manipulation" n'a pas pu "être prouvé". "J'en prends acte tout en notant la sévérité de certains attendus le concernant", écrit M.Sarkozy.
Emmenés par François Fillon, les ministres (Éric Woerth, Christine Lagarde, Xavier Darcos, Roselyne Bachelot) ont quitté l'Elysée sans piper un mot. Depuis le divorce du chef de l'Etat et l'affaire Jean Sarkozy, ils savent qu'il vaut mieux se taire sur les sujets qui déclenchent les passions.
Alors que M. Sarkozy fête ses 55 ans à l'Elysée, Dominique de Villepin, invité du journal de France 2, veut croire que l'affaire est finie. "J'ai tourné la page. […] Je veux offrir une alternativeà une politique qui, à mon sens, ne donne pas de résultats." Et jure qu'il ne pense pas à 2012, mais à 2010, soucieux de servir la France et redresser le pays.
En dépit de l'appel, la relaxe remet M.de Villepin dans la course. "Il va crânement tenter sa chance. Il ne faut jamais mettre un homme en situation de ne plus rien avoir à perdre", prédit le socialiste François Hollande. L'ex-premier ministre a peu de chance de remporter la présidentielle. Selon Pascal Perrineau, directeur du Cevipof (centre de recherche politique e Sciences-Po), "il n'a aucun enracinement électoral, sa base politique est extrêmement faible et ses réseaux ne permettent pas de s'organiser pour affronter l'UMP". "Villepin est meilleur comme fossoyeur que comme alternative", ajoute l'ancien eurodéputé Jean-Louis Bourlanges. La hantise de la droite est de retomber dans ses vieilles querelles, alors que les relations entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin ont toujours été irrationnelles.
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