jueves, 7 de enero de 2010

"TOUS JAPONAIS?"

Edito du Monde
Tous japonais ?
LE MONDE | 07.01.10 | 14h46 • Mis à jour le 07.01.10 | 14h46

e Japon et son économie n'intéressent plus grand monde, comme le prouve le peu d'émoi suscité par la démission du ministre des finances, Hirohisa Fujii. Tous les yeux sont fixés sur la Chine, dont on célèbre chaque jour le miracle économique, les taux de croissance à deux chiffres, les excédents commerciaux record et les colossales réserves de change. On aurait pourtant tort d'ignorer ce qui se passe au pays du Soleil-Levant.

D'abord parce que l'économie nippone reste aujourd'hui encore la deuxième économie mondiale - la Chine ne devrait lui ravir cette place qu'en cours d'année. Son PIB représente près de deux fois celui de la France, et le chômage reste très bas, malgré la récession. Quant à son niveau de vie par habitant, il devance celui de l'Allemagne. Le Japon reste aussi une société d'innovations et de connaissances de tout premier plan, avec un budget recherche et développement parmi les plus élevés au monde, un réseau de transports publics sans équivalent, des entreprises leaders dans les composants électroniques ou dans l'automobile, avec le joyau Toyota.

Le Japon est riche d'enseignements sur la difficulté à se relever de l'éclatement d'une bulle immobilière et financière. A la fin des années 1980, les prix des actions et des logements s'étaient envolés. La capitalisation de la Bourse de Tokyo dépassait celle de Wall Street et le stock immobilier nippon valait quatre fois celui des Etats-Unis. Puis la bulle a éclaté, provoquant des faillites bancaires en cascade.

Le Japon et son "capitalisme communautaire" ne se sont jamais vraiment remis de ce krach financier. En vingt ans, il est passé d'un statut de nation hyperdynamique et conquérante à celui d'un pays vieillissant, à bout de souffle, repu, replié sur lui-même et timoré. Condamné à une croissance anémique, taraudé par les forces déflationnistes, la montée de la précarité et des inégalités.

Et ce malgré des plans de relance à répétition et de sauvetage du système bancaire qui ont porté le niveau de dette publique à 180 % du PIB, un record dans les pays industrialisés. Pour assainir ses comptes, le Japon avait tenté de relever la TVA, il y a dix ans, mais cette mesure avait provoqué une rechute brutale de la croissance. Aujourd'hui, les masses d'emprunts d'Etat émis pour financer les déficits sont achetées par les ménages japonais, une épargne citoyenne qui se fait au détriment de la consommation. Ne pas être condamné, comme le Japon, à la stagnation, c'est aujourd'hui le défi d'après-subprimes qui se pose aux pays occidentaux.


Article paru dans l'édition du 08.01.10

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