Hélas ! Oui, hélas, quelles que soient les motivations juridiques de cet appel ! Car, depuis mai 2007, chaque épisode de cette affaire abaisse davantage la fonction présidentielle. Nicolas Sarkozy, qui s'était constitué partie civile en janvier 2006, aurait pu retirer sa plainte après son élection à la présidence en mai 2007. En décidant, alors, de la maintenir, il a engagé sa fonction sur des chemins tortueux.
Au plan juridique, tout d'abord. Le président de la République, en effet, n'est pas un justiciable comme les autres. S'il peut poursuivre en justice, il ne peut pas être poursuivi, puisqu'il est protégé pendant la durée de son mandat par l'immunité présidentielle. Le risque est donc réel que l'égalité des armes et l'équité du procès soient rompues. Nicolas Sarkozy l'a bien compris : en faisant savoir qu'il ne serait pas partie civile dans le prochain procès en appel de l'affaire Clearstream, il entend se mettre à l'abri de ce reproche.
Cela ne lève pas pour autant le soupçon d'instrumentalisation de la justice par celui qui détient, de par sa fonction, un rôle essentiel dans l'organisation du système judiciaire et la nomination des magistrats, en particulier les principaux responsables du parquet. Celui-là même qui vient de faire appel. Le président de la République ne sera plus partie civile ; mais il reste à la manoeuvre.
Ce n'est pas glorieux. Et il est en outre probable que ce ne sera pas très efficace sur le plan politique. Plus que jamais, Dominique de Villepin pourra clamer son innocence. Plus que jamais, il pourra se poser, selon ses termes, en septembre 2009, en "victime de l'acharnement d'un homme, Nicolas Sakozy". Plus que jamais, il pourra se présenter comme une "alternative" à l'actuel chef de l'Etat.
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