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Les choses en seraient restées là si M. Joyandet n'avait pas récidivé lundi. Cette fois, ses propos sont relayés par des médias américains sur Internet. Un "French minister" accuse les Etats-Unis d'envahir Haïti ! L'administration Obama s'agace de ces retombées. Elle veut faire du sauvetage d'Haïti un emblème de son action. Elle fait comprendre à Paris qu'il serait judicieux de rectifier le tir.
Mardi matin, l'Elysée diffuse un communiqué : "Les autorités françaises" sont "pleinement satisfaites de la coopération" avec Washington. Elles "tiennent à saluer la mobilisation exceptionnelle des Etats-Unis en faveur d'Haïti et le rôle essentiel qu'ils jouent sur le terrain". Entre-temps, l'ambassade de France à Washington a convaincu des journaux américains de retirer de leur site Internet l'information contenant les propos de M. Joyandet.
Dans la journée, Nicolas Sarkozy, en déplacement à La Réunion, rend un hommage appuyé à la "mobilisation exceptionnelle du président Obama" et à son "rôle essentiel". Il prend soin d'évoquer à chaque phrase le rôle de la France : "Demain, c'est ensemble que nous devrons mobiliser la communauté internationale" pour la reconstruction, dit le président français.si
M. Sarkozy met ainsi l'accent sur la conférence internationale qu'il a appelée de ses voeux, même si la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, qui veut procéder par étapes, a ouvertement trouvé l'idée hâtive. M. Sarkozy avait annoncé au début du drame qu'il se rendrait en Haïti "dans quelques semaines".
Les liens historiques entre la France et Haïti ne figurent pas en haut de la liste des priorités de Barack Obama. Le président américain est peu tourné vers l'Europe. Il a fait d'Haïti une cause du continent américain. Sans être mauvaise, sa relation personnelle avec M. Sarkozy n'est pas excellente. Mardi, une source gouvernementale brésilienne déclarait à l'AFP que Barack Obama avait suggéré au président brésilien Lula da Silva que les Etats-Unis, le Brésil et le Canada assument "le leadership de la coordination des donateurs". Pas un mot sur la France.
Paris est cependant confiant d'être inclus au final. Mais la situation actuelle contraste à plus d'un titre avec celle de 2004, lorsque les Etats-Unis et la France affichaient un duo diplomatique au chevet d'Haïti. C'était alors pour précipiter le départ du pays du président haïtien Jean-Bertrand Aristide, assailli par une rébellion armée. La relation franco-américaine en avait bénéficié, après les déchirures sur la guerre d'Irak. La France avait déployé pendant quatre mois quelque 900 soldats en Haïti aux côtés des troupes américaines.
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