jueves, 25 de marzo de 2010

DE VILLEPIN: "ON NE JOUE PAS AVEC LA NATION"




Reportage
Villepin lance son mouvement, "libre et indépendant" de l'UMP
LEMONDE.FR | 25.03.10 | 11h35 • Mis à jour le 25.03.10 | 17h01

'ancien premier ministre Dominique de Villepin est "mal à l'aise dans la politique menée aujourd'hui par la majorité". Face à ce malaise, il a annoncé, jeudi 25 mars, sa volonté de "défendre un changement de politique", au cours d'une conférence de presse à Paris, organisée pour annoncer la création, le 19 juin, de son mouvement politique "libre, indépendant, ouvert à tous, au-dessus des clivages partisans".

Dans les sous-sols du Press Club, situé dans le 15e arrondissement parisien, Dominique de Villepin, en costume noir, est apparu en forme, parfois presque fébrile. Parlant d'une voix vive, il s'est livré, devant un parterre de journalistes, à un réquisitoire contre la politique de Nicolas Sarkozy, sans jamais prononcer son nom. "J'ai le sentiment qu'au lendemain des élections, ce n'est pas un changement de politique qui a été choisi alors qu'il s'impose", a regretté l'ancien chef du gouvernement. "Le débat sur l'identité nationale a montré qu'on pouvait jouer avec tout, on ne joue pas avec la nation", a estimé M. Villepin, qui a parlé de "politique de réformes éparpillées" et dénonce un paysage politique où "tout devient division, clivage. On pense qu'on va gagner comme cela. Mais la France, ce n'est pas ça".

"LA POLITIQUE DU RABOT N'EST JAMAIS UNE BONNE POLITIQUE"

"Distribution de milliards", "réformes à contretemps", "politique en accordéon" "on appuie sur la touche burka... Et hop ! Polémique...", les expressions sont parfois imagées. Au premier rang, la phalange des députés villepinistes, Jean-Pierre Grand, François Goulard, Jacques Le Guen, boivent les paroles de l'ancien premier ministre, qui évoque "la souffrance et l'incompréhension" des Français et fait mine de s'interroger : "La politique menée est-elle la bonne ?"


"Soyons cohérents, il faut faire des efforts mais il faut faire des choix. La politique du rabot n'est jamais, en ce qui concerne l'Etat, une bonne politique", poursuit Dominique de Villepin. "En politique, c'est peut-être moins payant de faire dans la nuance, mais il faut être capable de faire des analyses nuancées. Nous devons être soucieux de la meilleure organisation de la fonction publique, mais en même temps, nous devons être responsables", a-t-il précisé. "Est-ce que les Francais veulent moins d'infirmières, moins d'enseignants, moins de policiers ?", s'est-il interrogé. Il a également dénoncé le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux comme une politique "pas efficace".

"Avec tous ceux qui nous rejoindrons, nous porterons sur les fonts baptismaux ce mouvement politique le 19 juin à Paris avec le souci d'apporter une contribution tout au long de ces prochains mois, de ces deux prochaines années, et le souci de défendre le moment venu nos idées et notre projet". Un projet "rassembleur", qui sera "basé sur les réseaux", car "quand on n'a pas d'argent, il faut compenser par des idées". Une allusion au réseau social Villepincom.net, créé par les proches de Dominique de Villepin en septembre dernier.

"PRENDRE DES RISQUES"

Sans donner le nom de sa future formation, qui sera l'objet d'une consultation, l'ancien premier ministre en a clairement dessiné l'orientation, en multipliant les allusions à la figure tutélaire de Charles de Gaulle. "Comme gaulliste, je crois au rassemblement et à la conviction", lance-t-il, ou encore : "Je voyage beaucoup et il y a une nostalgie de la voix de la France, qui malheureusement fait défaut ajourd'hui." Autre "père" revendiqué, même si c'est du bout des lèvres : Jacques Chirac. "J'ai appris beaucoup auprès de" lui, raconte Dominique de Villepin, "notamment à écouter la respiration de la France". Une "respiration" qui a conduit l'ancien chef de l'Etat à freiner les réformes de crainte d'une explosion sociale, ce que, selon son ancien premier ministre, les Français réclament désormais.

Interrogé sur une éventuelle candidature à l'élection présidentielle de 2012, Dominique de Villepin répond simplement qu'"à chaque jour suffit sa peine". Qu'on se le dise, il n'est pas là pour "satisfaire une ambition personnelle". Se disant "serein" dans sa relation avec Nicolas Sarkozy, il évoque son "amitié" avec Georges Tron, villepiniste qui vient d'entrer au gouvernement : "Il a fait un choix personnel, ce n'est pas le mien mais je lui garde toute mon estime."

A la fin de la conférence, les villepinistes assurent le service après-vente auprès des journalistes. Parmi ceux-ci, nombre de correspondants étrangers, intrigués par ce retour inattendu. L'un deux nous confie qu'il trouve la situation "amusante", mais discerne "quelque chose de malsain" derrière cet affichage de bonnes intentions. Les députés pro-Villepin ne lâchent rien, ou si peu, des arrière-pensées qui peuvent exister. Questionné sur les craintes qu'il pourrait nourrir pour sa circonscription et son avenir politique, François Goulard sourit : "C'est risqué, c'est certain, mais à quoi sert la vie, sinon à prendre des risques ?"


Samuel Laurent


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