lunes, 1 de marzo de 2010

LE MONDE: "ANTI-CRISE?"

Edito du Monde
Anti-crise ?
LE MONDE | 01.03.10 | 12h51 • Mis à jour le 01.03.10 | 12h51

epuis une trentaine d'années, depuis que le chômage élevé est devenu une donnée structurelle et lancinante de la société française, le slogan a été repris en choeur par les pouvoirs publics, quelle que soit la majorité du moment : mieux vaut former les salariés plutôt que les licencier. C'est particulièrement vrai en période de crise et de plans sociaux en rafale.

L'actuel gouvernement n'a pas manqué à la règle. "Mieux vaut former plutôt que licencier", ne cesse de répéter Laurent Wauquiez, le secrétaire d'Etat à l'emploi. Le Parlement, de son côté, a adopté fin 2009 une nouvelle loi sur la formation professionnelle ? Cette loi a créé un Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels, destiné à orienter les fonds de la formation vers les salariés les plus fragiles et les demandeurs d'emploi. Dans la foulée, les partenaires sociaux se sont fixé pour objectif de former 500 000 salariés et 200 000 demandeurs d'emploi supplémentaires chaque année. Et ils sont censés signer, avant le 15 mars, une convention-cadre précisant les publics visés et les actions prioritaires.

Quant aux régions, elles n'ont pas non plus attendu la crise actuelle pour s'engager sur un terrain dont elles sont un des acteurs-clefs : elles y consacrent chaque année 4,4 milliards d'euros, soit 15 % du financement total, et développent leurs propres dispositifs de formation. Le Parti socialiste, qui dirige vingt des vingt-deux régions métropolitaines, a d'ailleurs placé la formation au centre de son programme pour le scrutin des 14 et 21 mars : il prévoit la création de 200 000 "contrats de continuité professionnelle", financés par les conseils régionaux et destinés à assurer formation et complément de revenu aux salariés licenciés ou menacés par un plan social.

Pourtant, en dépit de ce volontarisme, la formation marque le pas. Comme toujours en temps de crise, les entreprises - premier financeur du secteur auquel elles consacrent 12 milliards d'euros par an - ont réduit leur budget formation. En 2009, le chiffre d'affaires des organismes privés de formation a même baissé, pour la première fois depuis huit ans. Et, comme d'habitude, ce sont d'abord les salariés les plus précaires ou les plus menacés par le chômage qui en ont fait les frais.

Il y a donc loin, malheureusement, de la coupe aux lèvres. Alors que le chômage est, plus que jamais, la préoccupation numéro un des Français et que le premier ministre a confirmé qu'il continuerait à augmenter dans les prochains mois, cela n'est pas de nature à redonner le moral aux Français.


Article paru dans l'édition du 02.03.10

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