martes, 2 de marzo de 2010

TRAS LA SOLIDARIDAD, LAS RESPONSABILIDADES

Edito du Monde
La mer, le risque
LE MONDE | 02.03.10 | 12h48 • Mis à jour le 02.03.10 | 12h48

près la tempête qui a ravagé les côtes de Charente-Maritime et de Vendée, causé la mort d'au moins 51 personnes et provoqué des dégâts considérables, le temps est évidemment au deuil et à la solidarité. Pas aux "polémiques inutiles", comme l'a recommandé le chef de l'Etat. Restons-en donc aux questions utiles : ce drame est-il "incompréhensible", selon le mot de M. Sarkozy ? Etait-il prévisible ? Pouvait-on le prévenir ?

Chaque désastre naturel - de Vaison-la-Romaine, en 1992, à Sommières, en 2002, en passant par la baie de Somme en 2001 - est déclenché par une conjonction exceptionnelle de phénomènes climatiques : en l'occurrence, des pluies très abondantes, des vents violents et l'élévation extraordinaire du niveau de la mer due à de très fortes marées. Comme à chaque fois, il y a là une part d'imprévisible.

Mais la fatalité n'explique pas tout. Les risques pris par l'homme sont évidents. En dépit de la loi Barnier de 1995, qui instaure les "plans de prévention des risques", théoriquement obligatoires et contraignants pour les plans locaux d'urbanisme, 7 600 communes seulement les ont mis en oeuvre sur les 12 000 qui devraient y être assujetties.

Pour une raison simple, sinon acceptable : cédant à la pression de l'urbanisation, en particulier sur le littoral, de nombreux maires continuent de laisser construire dans des zones dangereuses. Entre 1999 et 2006, ce sont ainsi près de 10 0000 logements qui ont été bâtis en zones inondables sur l'ensemble du territoire. C'est le cas, notamment, à La Faute-sur-Mer où le conseil municipal bataille depuis des années avec le préfet de Vendée pour retarder la mise en place d'un plan de prévention du risque inondation. Avant de "durcir les règles", comme l'a évoqué la secrétaire d'Etat à l'écologie, Chantal Jouanno, il serait déjà bon de les faire appliquer.

De même pour les digues qui protègent des zones inondables, et dont M. Sarkozy a annoncé un plan de renforcement. Or, les 1 000 km de digues "à risques" sont parfaitement répertoriés ; en Vendée, la direction départementale de l'équipement avait alerté, à l'automne 2007, sur la fragilité de celles qui étaient censées protéger les deux communes les plus touchées par la tempête. Là encore, le risque était connu. Là encore, il a été occulté, comme si l'on voulait écarter la perspective du pire, et se persuader que les catastrophes n'arrivent qu'aux autres. Pas de polémiques inutiles, donc. Mais il faudra bien qu'après le temps de la solidarité, vienne celui des responsabilités.

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